Comme la presque totalité des pays africains, l'Algérie doit ses frontières au découpage colonial, la France ayant adjoint dès le début du XXe siècle les «territoires du Sud », soit les immenses régions sahariennes, au pays méditerranéen fortement humanisé où, depuis 1830, s'étaient installés les colons. Cet héritage saharien a eu une conséquence heureuse : la richesse de l'Algérie indépendante en pétrole et en gaz, grâce à quoi elle a pu atteindre un niveau de développement économique rarement égalé sur le continent. L'Algérie contemporaine, qui s'est construite contre le système colonial à travers sept années d'une dure guerre de libération, cherche encore ses repères dans un monde où le modèle socialiste s'est décomposé et où l'intégrisme musulman développe son audience.
Occupant la partie centrale des montagnes de l'Atlas, l'Algérie est cette «île du Couchant » – en arabe, Djezirat al -Maghreb – que les conquérants venus d'Orient découvrirent entre les rivages verdoyants de la Méditerranée et l'étendue aride du Sahara. Pays très vaste (2 381 741 km 2 ), l'Algérie présente, sur 1 800 km du nord au sud, une succession de zones contrastées. La partie septentrionale forme une lisière, large seulement de 200 km, en bordure de la Méditerranée. C'est l'Algérie «utile », fortement marquée par la présence humaine depuis la plus haute Antiquité. Elle est soulevée par les barres parallèles des Atlas tellien et saharien, qui enserrent une région de hautes plaines. Au sud de cette lisière, sur quelque 1 600 km de profondeur, s'étale l'immense désert du Sahara, surélevé au sud-est par le massif du Hoggar.
Le littoral méditerranéen s'étire sur plus de 1 200 km ; il est bordé de collines et de montagnes, parmi lesquelles la chaîne Kabyle qui culmine à 2 308 m au Djurdjura. À l'arrière de ces reliefs se trouve un chapelet d'étroites plaines alluviales ne communiquant guère entre elles et rarement ouvertes sur la mer où a pu se développer, au prix parfois d'importants aménagements, une agriculture moderne. Ce sont, d'est en ouest, la plaine d'Annaba, la Mitidja (autour d'Alger ), la plaine de la vallée du Cheliff, celle du Sig autour d'Oran, puis, plus à l'intérieur des terres, celles de Muaskar, de Sidi-bel-Abbès et de Tilimsen. Au sud de ces plaines, l'Atlas tellien déploie parallèlement au littoral une succession de plis sédimentaires derrière lesquels s'étendent, à l'ouest, de hautes plaines semi-désertiques ponctuées de chotts (vastes dépressions de terres salées et parfois inondées ) et, à l'est, l'espace plus resserré des hautes plaines constantinoises.
Au sud, l'Atlas saharien, formé des monts des Ksour, du djebel Amour et des monts des Ouled Naïl, ne constitue pas une barrière continue. Il n'en marque pas moins la limite des influences méditerranéennes ; c'est là que l'on a planté les arbres d'un «barrage vert », pour stopper l'avancée du désert. Dans le prolongement oriental de l'Atlas saharien, le massif de l'Aurès, au sud de Constantine, culmine à 2 328 m au djebel Chelia. C'est la plus importante des montagnes algériennes, celle où les genres de vie subissent vraiment l'influence de l'altitude. s'étendent les reliefs primaires du Sahara, succession de larges plaines parsemées de dunes appelées ergs (Grand Erg occidental, Grand Erg oriental, erg Chech ), de dépressions recouvertes de sel – les sebkhas –, de hamadas (plateaux couverts de rocailles ), tel le plateau du Tademaït ou les tassilis des Ajjer et du Hoggar, et de hautes montagnes (le massif volcanique du Hoggar culmine à 2 908 m au mont Tahat ).
les cours d'eau du Tell algérien – sauf le Cheliff, qui coule sur 700 km, parallèlement aux chaînes de l'Atlas – sont d'une longueur médiocre et ne drainent que des bassins réduits. Leur débit moyen est aussi faible qu'irrégulier. Ils appartiennent toutefois à l'hydrographie normale, c'est-à-dire qu'ils se dirigent vers la mer. Les hautes plaines, en revanche, ont un réseau hydrographique atrophié et incomplet : l'eau des pluies s'y rassemble dans les chotts sans emprunter de véritables vallées. Quant aux oueds issus de l'Atlas saharien – tel l'oued Saoura dans la région de Bechar –, ils «coulent » vers le Sahara mais sont totalement dépourvus d'eau, sauf lors de crues torrentielles. Leur écoulement, quand il existe encore, est souterrain : il alimente les palmeraies et les puits des oasis.
Les régions côtières jouissent d'un climat méditerranéen, agréable en hiver (12 °C à Alger ) et supportable en été (25 °C dans la même ville ). L'humidité y est forte et les précipitations relativement abondantes : avec 762 mm de moyenne – concentrés sur quelques mois d'automne et de printemps –, il pleut plus à Alger qu'à Paris. La ligne isohyète des 400 mm, qui marque la limite de précipitations en deçà de laquelle la culture du blé est impossible, englobe à l'est les hautes plaines du Constantinois et le massif de l'Aurès, mais laisse à l'écart les hauts plateaux steppiques occidentaux. Au sud de l'Atlas saharien commence le désert avec ses précipitations rares (100 mm en moyenne ) et irrégulières. In Salah, au centre du Sahara algérien, n'enregistre que 15 mm de précipitations annuelles pour une moyenne thermique de 25,4 °C.
La végétation naturelle des plaines côtières, largement disparue au profit des cultures (agrumes, oliviers, vignes ), est le maquis méditerranéen – qui se développe également sur les premières pentes du Tell et de la Kabylie – parsemé de pins maritimes et de chênes-lièges. Au-delà de l'Atlas tellien, les hauts plateaux occidentaux sont couverts par la steppe où domine l'alfa ; les hautes plaines orientales sont le domaine de la grande culture céréalière. Dans les hautes montagnes de la Kabylie et de l'Aurès poussent les pins d'Alep, les chênes verts et les cèdres. Au Sahara, en dehors des oasis, où les palmiers abritent du soleil arbres fruitiers et champs de légumes, seules quelques rares broussailles rappellent la vie. De temps à autre, des pluies brutales y font éclore d'éphémères prairies. Si dans l'Algérie du Nord vit une faune naturelle peu différente, en dehors des singes de Barbarie, de celle de l'Europe (les sangliers et les lièvres abondent ), dès la lisière du Sahara apparaissent scorpions, gazelles, fennecs et gerboises. Le désert est le royaume incontesté du dromadaire, tard venu (au début de l'ère chrétienne ), mais inséparable maintenant de la vie de ses habitants, auxquels il fournit lait, viande, poils et moyen de transport.
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